Des coupures avec le net et de l’adaptabilité

(crédit photo Audrey Chapot)

J’ai l’habitude de volontairement couper les connexions internet plusieurs fois dans l’année, comme début mars où j’ai séjourné dans cette case sommaire, les pieds dans le sable, les yeux sur l’océan à l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire, non loin du Libéria.

Électricité minimale, pas d’internet, pas de monde, pas de bruits intempestifs, ni de déluge d’informations.

Quelques jours programmés de vie de Robinson.

Une nécessité dont je me réjouis chaque fois.

 

La semaine dernière, la coupure internet fut subie et soudaine : plus aucun réseau pendant plus de 24h, un retour progressif et instable depuis lors.

Plusieurs pays d’Afrique touchés, notamment la Côte d’Ivoire où je réside.

Pas d’internet, pas de transactions, pas de communication, et pour ma part, impossibilité d’assurer mes RDV programmés…

Après une semaine, les flux restent instables et les chargements de page toujours laborieux.

 

Ces deux expériences vécues coup sur coup sont particulièrement instructives.

Vivre le choisi puis le subi.

Une situation objectivement identique, aux conséquences pourtant radicalement différentes.

 

Vivre en Guadeloupe pendant 3 ans m’avait rapidement enseigné à accepter les nombreuses coupures d’eau non planifiées, de quelques heures à plusieurs jours. La Côte d’Ivoire m’enseigne aujourd’hui les coupures de flux internet non prévues.

 

Deux situations d’adaptation contrainte, sur le vif.

Dans les deux cas, il s’agit

  • d’être préparé
  • de s’adapter
  • de faire sans, sans savoir combien de temps cela durera, et
  • d’être prêt pour d’éventuelles récurrences,

sachant que cela peut se produire n’importe où, n’importe quand, et durer de quelques minutes à plusieurs jours (voire plus). Personne n’est à l’abri, ni en Afrique, ni en Europe ou ailleurs.

 

Ce que je retire 

de mon expérience de coupure d’eau :

  • toujours avoir une réserve chez soi. L’équivalent de quelques bouteilles d’eau potable pour boire, quelques litres d’eau pour se laver (1/2 bouteille par jour et par personne suffit en situation critique), la possibilité de récupérer de l’eau usagée pour les toilettes s’il n’y a pas la possibilité de toilettes sèches ou en extérieur (et ce n’est pas un détail !)
  • pour les repas : apprendre à manger sans avoir besoin d’eau pour cuisiner (ou le moins possible) tout en évitant ou minimisant la vaisselle ensuite

de mon expérience de coupure d’internet :

  • compter sur la compréhension de votre clientèle qui attend en ligne sans recevoir de message de ma part au moment de notre RDV
  • toujours avoir des liquidités chez soi pour plusieurs jours, pour les courses et les éventuelles factures
  • si vous avez une voiture, l’importance de ne pas circuler en réservoir bas (le plein pompe directement dans vos liquidités disponibles puisque tout règlement par cb est suspendu)
  • profiter du temps déconnecté pour d’autres activités hors ligne, voire hors besoin d’électrivcité (et oui cette contrainte fait du bien, inutile de ronchonner)
  • proposer de recaler les rdv non assurés ultérieurement en laissant le maximum de flexibilité aux personnes qui attendaient les consultations. Dans le cas actuel, le week-end de Pâques s’est partiellement transformé en week-end de consultations.

Ce que je retire aussi de ces expériences récentes, c’est

  • qu’avoir volontairement expérimenté l’absence ou la limitation aide à anticiper. On sait déjà ce que cela signifie concrètement. Impossible de se sentir perdu ou démuni, même si cela peut être inconfortable.
  • l’importance de savourer le luxe de notre quotidien, celui de l’eau potable et de l’eau nécessaire, celui de l’électricité et celui des connexions internet disponibles à l’envi.
  • que le vécu concret résulte d’un état d’esprit et d’une posture d’acceptation des incertitudes et des inconnues, l’un des indispensables 6 Territoires Culturels détaillés dans Tel un roseau

 

Des exemples de sujets d’adaptation impérative, comme d’autres que j’aborde dans mes ouvrages, en particulier dans Tel un roseau et Mutation anthropologique.

Apprendre à faire sans et autrement. Une nécessité de notre époque.

 

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