Une croyance, c’est ce en quoi on croit.

C’est une convention, une opinion, une construction imaginée. C’est un artifice que l’on accepte ou que l’on se crée dans notre quotidien, pour notre quotidien.

Une croyance ne s’appuie sur aucune réalité extérieure, aucune réalité ultime. Une croyance est une vérité subjective. C’est un processus mental que nous expérimentons en nous appuyant sur des idées ou des hypothèses que nous considérons comme vérité, indépendamment de ce qui pourrait confirmer ou infirmer ces préceptes.

Une croyance a toujours une intention, ni bonne, ni mauvaise. Simplement une intention qui crée un biais mental, une distorsion de la réalité. Aussi, une croyance implique des conséquences, elles non plus, ni bonnes, ni mauvaises. Les croyances ne se mesurent pas, elles ne s’observent pas non plus. Ce qui s’observe, ce sont les actes initiés par les croyances, leurs répétitions et leurs conséquences.

Croyance après croyance, un réseau se crée. Un réseau d’artifices, intangible, souvent non dit, souvent inconscient aussi. Un réseau et un cadre de références, une sorte de moule qui oriente et guide notre quotidien, qui nous permet de rester dans des ornières, de nous maintenir dans un chemin, qui nous évite de dérailler et de perdre ce chemin. Les croyances et ces réseaux construits constituent des modèles de pensée, des chemins pré-tracés. On peut comparer la situation à un labyrinthe qui orienterait et limiterait les chemins de pensée et d’action. On peut imaginer aussi une toile d’araignée qui jugulerait les tentatives de s’y extraire. Croyance après croyance, la culture se crée : ce qui réunit les membres d’un groupe, les croyances implicites auxquelles ils adhèrent et qu’ils mettent en œuvre pour réussir ensemble et survivre. Ainsi, nos croyances créent notre réalité.

Bien que vivante et évolutive, la culture est un instrument d’inertie. Elle agit comme un mécanisme stabilisateur qui entraine une répétition d’actes, de rites et qui met en place une routine, des conditionnements.

Collectivement, il est question des lois de nos ancêtres, des mythes fondateurs de nos cultures que nous connaissons grâce à nos histoires, nos symboles, nos rites, nos fêtes. Nos croyances créent nos appartenances, elles créent notre réalité collective, nos normes, notre morale, nos lois, nos manières de penser. Les croyances nous aident à tisser du lien génération après génération, communauté avec communauté. Elles délimitent nos appartenances en créant des normes, des stéréotypes, des standards. Les croyances exercent une fonction de domestication de l’homme sur l’homme. Elles sécurisent le collectif en créant une mise sous contrôle relative, une gestion de l’individu dans le groupe, une prédictibilité, un asservissement parfois.

En ce sens, les croyances (collectives) s’opposent à l’esprit critique.

Individuellement, nous avons le choix. Individuellement, nous avons la liberté de reconsidérer nos croyances pour y adhérer ou non, en toute conscience.

Nos croyances font notre réalité : elles ouvrent ou limitent nos possibles, elles sont accessibles ou enfouies, elles sont philosophiques, scientifiques, religieuses, politiques, économiques, alimentaires, affectives… Elles sont de tout ordre et gouvernent notre quotidien et notre chemin de vie. Sans que nous y portions attention, elles guident nos intentions, nos décisions et nos actes.

Individuellement, nous avons la possibilité d’exercer notre esprit critique sur nos croyances pour faire le point, prendre de la hauteur, reconsidérer les situations et les potentiels, élargir les alternatives, nous alléger des croyances trop lourdes, nous libérer de croyances désuètes, nous renforcer avec des croyances oubliées ou cachées.

Individuellement, nous avons la liberté de créer de nouvelles croyances qui nous inspirent, qui nous portent, qui nous guident et qui nous font du bien. Nous pouvons le faire seul, à deux, en petits groupes avec effet miroir, accompagnés. Nous pouvons le faire au quotidien, en retraite, en vacances, pour notre sphère personnelle, notre sphère professionnelle ou notre sphère sociale. Nous pouvons le faire à certains moments clés de notre vie ou tout au long de notre existence, régulièrement.

Chaque situation de vie permet, en soi, de décider d’un arrêt sur image momentané pour adhérer, adopter, jeter ou inventer une croyance. Ainsi, brièvement ou patiemment, celui qui module ses croyances, en module les conséquences. Ni bonnes, ni mauvaises. Il ouvre la voie de nouveaux plans de réalité.

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Cet article constitue un chapitre dédié du livre L’Esprit des mots, en version enrichie et affinée. 

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