Contribution pour Ouest France: temps sur écran dans le monde

Dans l’édition du soir de Ouest France du 30 avril 2024, quelques éléments de décodage du temps passé sur écran dans le monde.

Article intégral sur le site du journal, la retranscription ci-dessous:

Par Clémentine MALIGORNE, avec le service infographie.

Combien passe-t-on de temps en moyenne devant les écrans en Afrique du Sud, au Japon, en France ou aux États-Unis ? De 3 h 45 à plus de 9 heures par jour selon les pays, comment expliquer de telles disparités ? Éléments de réponse avec Audrey Chapot, anthropologue.

Halte aux écrans ! Facile à dire, mais plus difficile à faire. Alors que le gouvernement français entend réguler l’usage du numérique pour les plus jeunes, qu’en est-il de la consommation des écrans chez les plus grands ? En moyenne, les Français passent plus de 5 heures (5 h 26) quotidiennement devant les écrans (dont les écrans de bureau), dont 2 h 34 devant un smartphone, selon un classement réalisé par Smartick et le site Datareportal. Rapporté en années, cela équivaut en moyenne à quinze ans de notre vie ! Si cela peut paraître beaucoup, c’est toutefois légèrement en dessous de la moyenne mondiale qui est de 6 h 30.

Selon ce classement, les champions du monde du temps passé devant un ou des écrans sont… les Sud-Africains, avec une moyenne de 9 h 38, dont 5 h 13 devant un smartphone. À l’inverse, les Japonais remportent la palme du pays dont la population est la plus éloignée des écrans, en y passant que 3 h 45 par jour, dont 1 h 54 sur mobile.

Des usages culturels variés

Comment expliquer ces écarts ? « Ces différences de temps sont dues à des usages culturels variés, nous explique Audrey Chapot, anthropologue. Dans certaines zones, comme en Afrique, la majorité des activités passent par le mobile, là où dans d’autres zones, le mobile reste un des canaux de diffusion d’information et de transactions diverses. »

Autre explication pour comprendre ces différences de consommation des écrans, entre l’Afrique du Sud et le Japon, les différences d’âge. « Lorsque 40 % de la population a moins de 25 ans, comme sur le continent africain, l’utilisation moyenne d’écrans n’est pas comparable avec une population vieillissante au taux de renouvellement négatif, comme au Japon », souligne encore Audrey Chapot. « D’un pays à l’autre, le téléphone inclut plus ou moins de fonctions incontournables : unique instrument et canal économique en Afrique, ou en parallèle d’autres instruments et canaux en Europe et en Asie. »

Tant dans la durée que dans la fréquence, « le type de communications quotidiennes est variable » d’une région du monde à l’autre. En outre, dans certaines zones du monde, comme sur le continent africain, « le réseau télécoms est mieux desservi que le réseau électrique, ce qui peut expliquer aussi (à la marge) des usages de mobile importants ».