Confinement: Qu’est-ce qu’on est en train de vivre?

Une magnifique journée d’automne pour se promener au parc de l’Orangerie à Strasbourg et répondre aux questions d’Isabelle Michel pour France 3 Alsace!

Vidéo accessible ici, 19/20 du 15 novembre 2020, reportage de 4’26 à 6’55 (rediffusé au 12/13 du 16 novembre 2020).

Voici la retranscription:

Présentatrice: Audrey Chapot est anthropologue, elle scrute notre monde tel qu’il va. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça tangue. Reportage Isabelle Michel et Vincent Roy.

I.M.: Un immense bouleversement, de lourdes incertitudes, des changements de repères profonds. Pour Audrey Chapot, cela faisait de toutes façons longtemps que l’on était arrivé au bout d’un système.

A.C.: Avec le covid, ça explose. Donc on a l’impression que c’est quelque chose de très nouveau, mais en fin de compte, c’est l’évolution normale d’une société qui est en pleine mutation. C’est-à-dire qu’elle quitte un fonctionnement logique qui était stable pendant très longtemps et qui, aujourd’hui, n’est plus adapté. Et donc, la société – quand je dis la société, c’est nos manières de vivre en collectif, de nous organiser – fait que on doit trouver d’autres modes d’équilibre. Et là, on est dans une phase transitoire.

I.M.: Coronavirus, télétravail, télescopage de la sphère privée et professionnelle… Aujourd’hui, comment accepter l’impermanence des choses? Une certitude, c’est un travail difficile mais qui peut ramener l’individu à ses fondamentaux.

A.C.: Pour moi, je trouve qu’on est vraiment dans un événement qui permet de se questionner, de se positionner et de faire des choix individuels sur « comment j’ai envie de continuer ma vie professionnelle pendant cette période de confinement, et après? » Ca fait ressurgir des éléments latents qui n’étaient pas forcément perceptibles auparavant dans le rythme habituel du travail.

I.M.: Une mutation majeure, c’est certain. Un bateau qui tangue et doit faire face aux tempêtes, des questions sans réponse, le repli sur soi. Mais derrière tout ça, il y a aussi l’introspection, une volonté d’être soi, enfin.

A.C.: Regarder ce qui nous fait du bien, ce qui fait sens pour nous. Pas se positionner contre quelque chose, mais alimenter ce qui est juste pour nous.

C’est un passage comme l’automne: on voit là, toutes les feuilles sont en train de changer de couleur; elles vont tomber; le printemps arrive dans quelques mois. C’est un petit peu la même chose qui se passe en nous en fin de compte. Qu’est-ce que je décide de laisser tomber, et qu’est-ce je nourris pour que la sève revienne, avec du sens pour moi, individuellement.

I.M.: Le titre de son dernier ouvrage, et ce n’est pas un hasard, « Tel un roseau », qui plie évidemment, mais ne rompt pas.

Merci beaucoup à toute l’équipe: I.Michel, V.Roy et S.Teissier.

Crédit Photo V.Roy pour France 3 Alsace